lundi, juillet 14, 2008

YVETTE, BON DIEU ! de Sylvestre Chatenay dans LES ECHOS

YVETTE, BON DIEU ! de Sylvestre Chatenay
La fin des paysans
[ 02/07/08 ]
Une ferme à l'ancienne, en Touraine. Un document précieux. Si elle n'a jamais voyagé, Yvette, femme de tête à l'abondante chevelure blanche retenue par un foulard, sait beaucoup de choses sur le monde.


Avec Yvette, Camille, René

et Renée Trion. 1 h 29.

Dans la ferme où ils sont nés, Yvette, soixante-deux ans, et ses deux frères aînés Camille et René, vivent avec Renée, leur mère centenaire fêtée par le conseil municipal, au rythme des saisons. Veaux, cochons, chèvres, lapins, volailles cohabitent dans une sorte de capharnaüm pourtant organisé où chats et chiens sont chez eux partout. Pas question d'arrêter de trimer. On trait, on nourrit les animaux, on sème, on moissonne, on surveille les tomates, on répare le tracteur, on consolide une haie, on tue le cochon, on fabrique pâtés et boudins, on dépèce les veaux d'abord expédiés à l'abattoir pour en vendre la viande, on « déshabille » les lapins, on endigue le purin, on foule le raisin qui, transformé en vin, approvisionne cinq cafés dans le coin, on tend des pièges aux renards, on dispute le lait au chat... La vie passe, la mère meurt, et pourtant le temps semble ici arrêté. Mais dans la cuisine sans confort où, au milieu d'un bric-à-brac antédiluvien, trône tout de même une télé, on lit régulièrement le journal.
Pas si bête !

Et, si elle n'a jamais voyagé, Yvette, femme de tête à l'abondante chevelure blanche retenue par un foulard, sait beaucoup de choses sur le monde. Elle a son mot à dire sur tout. Et il n'est pas si bête !

Premier film d'un voisin, Sylvestre Chatenay, jusqu'alors photographe professionnel, ce documentaire, fruit de deux ans d'un tournage respectueux, jamais intrusif, dans une ferme tourangelle de 45 hectares fascine... et émeut. Parce qu'avec ses frères, comme elle sans descendance, Yvette est une espèce en voie de disparition. A montrer, d'urgence, aux jeunes générations. C'est ça aussi, notre patrimoine !

« Georges Simenon. Les Obsessions du voyageur » lu dans Les ECHOS

Simenon avait la bougeotte.

Il a beaucoup voyagé, mais le voyage n'a jamais constitué le thème d'un seul de ses quatre cents livres. A l'inverse, ses reportages, publiés dans les années 1930, racontent par le menu ses périples. Le voyage, comme le déménagement, était pour lui - tiraillé entre le désir de l'enracinement et une incapacité à se fixer -, une douloureuse nécessité. L'écrivain a changé trente fois de domicile. « Chaque fois, le processus a été le même. J'ai commencé par sentir un vide autour de moi. Le paysage, les meubles, les visages entrevus dehors avaient cessé d'avoir un sens. » Sur le voyage, il tient des propos similaires. La déception est toujours au bout de la route. « En somme, à voyager, on se casse le nez ; on effeuille ses illusions. On pourrait peut-être dire sans trop exagérer qu'on voyage pour faire le compte des pays où l'on n'aura plus envie de mettre les pieds. »

Le père de Maigret était un drôle d'homme. « Echapper à l'enfermement tout en idéalisant l'enracinement, aller voir ailleurs si quelque chose est possible sans vraiment y croire, aimer le départ et détester l'arrivée, il y a tout cela dans la nature mobile d'un Simenon », observe Benoît Denis, l'un des meilleurs spécialistes de Simenon, dans le recueil consacré aux reportages de l'écrivain belge, rassemblés dans la collection « Voyager avec... », l'une des plus chics de l'édition française, créée par Maurice Nadeau.

Simenon a voyagé peu de temps, de façon ramassée, dans les années 1931-1935 puis en 1945-1946. Il s'approprie le monde sans vergogne : les canaux de France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le cercle polaire, l'Egypte, le Soudan, le Congo belge, l'Afrique, l'Europe centrale, l'URSS, les îles Galapagos, l'Australie. Il publie ses reportages dans « La Gazette de Liège », « Le Petit Journal », pour payer ses voyages. Il adore les anecdotes, s'intéresse à tout : aux petites gens, au kémalisme, au communisme, aux prostituées. Il a une vision crépusculaire du vieux monde, il se méfie de l'Amérique, il voit dans le communisme une imposture. Dans la fiction, Simenon recherche l'épure, la neutralité. Dans ses reportages, il a un style nerveux, émotif, il multiplie les points d'exclamation et de suspension. Parce que, sans doute, il frémit à l'idée de découvrir ce qu'il appelle « l'homme nu », l'être humain dans sa vérité : le seul but de tous ces voyages harassants.
EMMANUEL HECHT

« Georges Simenon. Les Obsessions du voyageur ». Textes choisis et commentés par Benoît Denis, éd. La Quinzaine littéraire-Louis Vuitton, 313 pages, 26 euros.

Jean LEBRUN...un nouveau livre édité en Bourbonnais

PPDA aurait reçu 45 000 messages lui disant kenavo, Travaux Publics en est encore loin du compte. Il est vrai que l’antenne quitte PPDA avant qu’il ne la quitte. Il faut toujours savoir partir à temps. Un merci particulier à ceux qui l’ont compris et le disent dans leurs courriels. Dans les médias le renouvellement générationnel des audiences, si difficile, passe notamment par le renouvellement générationnel des producteurs et des animateurs. Dans mes nouvelles fonctions, j’aiderai les nouveaux venus, c’est ce qui m’a toujours le plus passionné dans ce métier, et, rassurez-vous, je veillerai, dans la mesure de mes forces à ce qu’ils restent fidèles à ce qui fonde la légitimité de France Culture.

/////// De mon stylo, je compte rassembler quelques réflexions issues de notre expérience commune d’auditeurs et de journalistes. Cela fera l’objet d’un nouveau petit livre aux vaillantes et discrètes éditions Bleu Autour .////


Jean Lebrun :
14 juillet 2008 à 10:59 EXtraits


http://franceculture-blogs.com/travauxpublics/