dimanche, novembre 15, 2009

Hubert Nyssen..dans ses carnets...se souvient de Leonardo Sciascia..à Vichy

Après le souper, j'ai profité de l'occasion qui m'était donnée de revoir Cadavres exquis que Francesco Rosi avait tourné en 1975 d'après Sciascia. J'ai passé deux heures exquises parmi ces morts et disparus qui sont nombreux car à ceux de l'intrigue s'ajoutent les acteurs décédés.

Samedi, 10 octobre 2009 – Cette nuit, l'un de mes rêves qui s'était emparé de Cadavres exquis m'a reconduit à Vichy où j'avais un soir lointain participé à un dîner sans savoir que le personnage assis devant moi et que j'avais écouté avec passion, était l'un de mes écrivains préférés, Leonardo Sciascia.




Lire ses carnets est un plaisir...comme lire SEBALD ou écouter Max Pol Fouchet ..son ami.

Lire, écouter Michel Chaillou "Je crois à la beauté des marges"

23 octobre
Hier soir à la BN

A la sortie d’une brillante exposition de la Bibliothèque Nationale vouée à la lecture, je me suis demandé si celle-ci était vraiment montrable, si ambitionner de la filmer, de la photographier en tous ses états ne conduisait pas immanquablement à n’attraper, figer que des postures ?
L’essence de la lecture (sa fumée, son feu qui brûle le regard) ne risque-t-elle pas de s’évanouir dès qu’on s’efforce de la surprendre, cette tentative relevant même d’une certaine forme d’indécence comme de vouloir pénétrer par effraction dans la chambrée intime que constitue tout lecteur avec son livre ? Aussi ma gêne grandissait-elle de voir ainsi livrée au public intrus l’âme d’une solitude partagée qui se déshabille de page en page.
Mais je n’appartiens pas à cette société du spectacle, je suis d’un autre temps, d’un temps avec marges où j’aime m’accouder.
15 octobre
Ambition
Je cherche le livre que mes doigts n'ont pas encore touché, ni mes yeux visité. Son titre ? Je l'ai sous la langue, j'imagine ce roman à des lieues du misérabilisme de notre époque, un hors sujet, en sortant sans cesse, mais mettant en place un monde intérieur avec des mots lapidés par l'orage, rafraîchis par la pluie, avec de longues conversations au crépuscule que le rêve prolonge, entretient de nuit en nuit, le chef d'oeuvre, nocturne du plein jour, qui fait oublier passagèrement le soleil, la gravitation des astres, et dont tous les termes vous transportent.
Mais où justement ? Je crois à la beauté des marges. Quelle librairie sera assez flottante pour me le proposer ?