dimanche, septembre 30, 2012

Ouest-France Nantes : Librairies menacées dans l'Ouest -Sodis ferme ?

Entretien Louis-Marie Cottineau, directeur de Livre diffusion, dont la fermeture est confirmée, après celle d'Interforum (Editis). Ne reste plus que le Centre de distribution régional du livre (Hachette), également menacé. Quel est le rayon d'action de Livre diffusion ? Combien de livres mettez-vous à disposition des petits libraires ? Livre diffusion est un centre de gros pour le grand quart nord-ouest de la France, avec près de 700 clients. Nous sommes une très grande librairie de 300 000 livres, où les petits libraires de campagne viennent faire leur marché. Ce sont les petits points presse avec un rayon livres, les petites librairies de Nozay, Ancenis, Blain, Nort-sur-Erdre, Clisson, qui nous commandent les livres à l'unité, sans passer par les distributeurs nationaux. Nous permettons une gestion mutualisée des frais de transports. Demain, ces libraires devront accueillir six transporteurs différents à plein tarif et sans garantie de délais. Pourquoi la décision de fermer Livre diffusion ? L'un des actionnaires, Sodis, distributeur de Gallimard, a décidé de supprimer ce réseau créé à une époque où le libraire de province attendait une à deux semaines pour recevoir sa commande. En pleine crise du livre, les gros distributeurs estiment pouvoir faire le même travail sans nous. Ils veulent recapter la distribution du livre en secteur rural. Mais notre réactivité ne se remplacera pas. Les grosses librairies, elles, ne passent donc pas par votre intermédiaire ? Elles anticipent les commandes, notamment avant la rentrée littéraire. Mais lorsqu'un succès de lecteurs provoque une demande inattendue, les gros libraires comme Coiffard ou la Fnac ont recours à nous pour réassortir un titre. Nous leur servons d'itinéraire bis. Comment fonctionnez-vous avec les petits libraires ? Ma cliente libraire d'Hoedic quitte son île quatre fois par an. Elle passe une matinée chez moi pour choisir les livres qu'elle saura vendre. Demain, elle devra fureter sur les newsletters pour choisir et elle passera commande au prix fort. Les petits libraires seront dévorés par les frais de port, de stock, de retour. Pour vous, c'est la fin des petits libraires ? Des financiers parisiens ont fait le choix de faire disparaître nos libraires de quartier et de campagne. À l'heure où les jeunes générations se remettent à lire, il faut s'interroger sur notre mode de consommation culturelle, alors qu'un corps de métier va disparaître, celui des libraires passeurs de culture. Recueilli parDaniel MORVAN